Le phénomène du flexipreneuriat mis en lumière

La SADC Shawinigan a dévoilé aujourd’hui les résultats et leçons apprises dans le cadre d’un projet, à portée provinciale, qu’elle a mené au cours des trois dernières années : Entreprendre au féminin autrement.

Cette initiative, financée dans le cadre du Programme de promotion de la femme du ministère des Femmes et de l’Égalité des genres du Canada, visait deux objectifs :

• Identifier les défis et enjeux qui se dressent sur le parcours des femmes qui combinent un ou des projets entrepreneuriaux à d’autres occupations (ex : emploi, études, soins à la famille, etc.).
• Inciter au passage à l’action pour penser autrement les politiques, les mesures et les programmes afin de les adapter aux besoins de ces entrepreneur-e-s, et ce, en collaboration avec les organismes et ministères offrant des programmes d’aide à l’entrepre­neuriat.

L’ENTREPRENEURIAT À TEMPS PARTIEL, LOIN D’ÊTRE UN PHÉNOMÈNE MARGINAL

L’entrepreneuriat à temps partiel, même si on n’en parle peu, est pourtant largement répandu au Québec alors que 82,7 % des femmes entrepreneures émergentes (80,5 % pour les hommes) combineraient leurs activités entrepreneuriales avec un emploi (67,7 % dans le reste du Canada), selon les plus récentes données du Global Entrepreneurship Monitor (GEM).

RECHERCHE QUALITATIVE

Dans le cadre de ce projet, une recherche qualitative a été réalisée. 78 femmes ont été rencontrées en groupes de discussions à Shawinigan, à Montréal et à Thetford Mines, pour comparer des entrepreneures qui évoluent dans des écosystèmes entrepreneuriaux différents.

En plus de faire la lumière sur la diversité des cas de figure que l’on retrouve dans cette forme d’entrepreneuriat, cette recherche a permis notamment de constater que :

• les raisons qui motivent les femmes à s’adonner à des activités entrepreneuriales à temps partiel reposent sur la passion et une volonté de réalisation de soi;
• plus de la moitié des femmes aimeraient éventuellement se consacrer à temps plein à leur projet si ce n’était de l’insécurité financière. Par contre, le fait de combiner leurs activités entrepreneuriales avec d’autres occupations limite le développement de leur projet d’entreprise par manque de temps;
• une bonne proportion des femmes rencontrées ne se considèrent pas comme des entrepreneures et ne se reconnaissent pas dans la définition mise de l’avant et véhiculée de l’entrepreneur-e;
• les femmes entrepreneures à temps partiel ont des besoins en termes de formation et d’accompagnement sur plusieurs aspects notamment par rapport à la fiscalité et à la comptabilité, au marketing et au développement stratégique de l’entreprise;
• elles souhaitent avoir accès à des services selon des horaires atypiques;
• elles ont des besoins en financement plus limités (autour de 5 000 $ en moyenne).

Un sentiment d’imposteur révélé

Environ la moitié des répondantes de l’étude de la SADC Shawinigan ne se reconnaissent pas dans les modèles d’entrepreneur.e.s mis de l’avant au Québec, notamment en ce qui a trait à la prise de risque et au grand nombre d’heures travaillées.

C’est la raison pour laquelle la SADC a décidé de créer un nouveau terme :

Plusieurs entrepreneur.e.s à temps partiel ont témoigné se reconnaitre davantage dans ce terme-là. Il permet également de mettre en lumière l’importance, pour les organismes de soutien, de se montrer flexibles dans leurs programmes pour s’adapter à leur réalité.

FAVORISER L’AUTONOMISATION DES FEMMES

L’étude menée par la SADC a également permis de constater l’impact économique significatif que peuvent avoir les activités entrepreneuriales des flexipreneures alors qu’une bonne proportion des répondantes (39 %) ont déclaré avoir des revenus annuels personnels de moins de 20 000 $. Conséquemment, leurs revenus d’entreprise, même s’ils sont faibles, représentent un apport significatif et pourrait avoir un impact sur leur sécurité économique. De plus, le temps partiel semble apparaitre comme une voie d’entrée plus accessible à l’entrepreneuriat, représentant ainsi une avenue intéressante pour l’autonomisation des femmes.

Pour consulter le rapport de recherche complet : https://bit.ly/3bxL9YX

RETOMBÉES

Tournée des ministères et organismes

 Une tournée de 33 organisations, des ministères et organismes reliés à l’entrepreneuriat, a été réalisée pour leur présenter les résultats de recherche et leur faire connaître l’ampleur du phénomène de l’entrepreneuriat féminin à temps partiel, ainsi que les défis qui y sont reliés.  L’objectif de cette tournée était d’inciter ces organisations à des changements de pratique et à identifier des pistes d’actions pour mieux répondre aux besoins des flexipreneur.e.s.

Phase d’expérimentation

Parallèlement à cette tournée, 11 projets pilotes ont été mis sur pied dans la phase d’expérimentation du projet, et ce, en collaboration avec plusieurs partenaires, permettant de rejoindre 86 femmes entrepreneures à temps partiel et 31 hommes. (voir annexe).

Les projets pilotes qui ont été menés ont permis de constater l’impact des services d’accompagnement offerts aux flexipreneures. Le fait de leur offrir plus de soutien a une incidence de consolidation/augmentation du niveau de confiance sur leur projet entrepreneurial (certaines sont passées d’un projet temporaire à un projet plus permanent, d’autres ont décidé de faire une transition du temps partiel au temps plein).

RECOMMANDATIONS

À la suite de ces trois années de cueillette de données, de consultations et d’expérimentation, quatre grandes recommandations se dégagent quand il est question des changements de pratiques souhaités :

1. Adapter les programmes existants pour tenir compte de la diversité des situations, des ambitions et des besoins des entrepreneur.e.s, et ce, sur plusieurs aspects :

• • Horaire des services offerts
  • Utiliser davantage les outils technologiques pour offrir des services
  • Adapter l’accompagnement pour les TPE ou microentreprises
  • Offrir un soutien financier plus adapté au temps partiel

2. Mettre de l’avant la diversité des modèles d’entrepreneur.e.s et des façons de faire de l’entrepreneuriat et revoir la définition de ce qu’est un ou une « entrepreneur-e » afin qu’elle en tienne compte

3. Permettre aux femmes de participer à des réseaux d’échange, de codéveloppement et de partage (comme de mutualiser certains services et coûts)

4. Informer davantage les flexipreneures sur ce qui existe en termes d’accompagnement et d’outils qui leur sont accessibles

 « L’importance d’être inclusifs dans les services qu’on offre », c’est le constat qui nous interpelle le plus, en tant qu’organisation, dans toute cette démarche. Nous avons amorcé ce virage et allons l’accentuer. Nous travaillons déjà sur de nouveaux moyens pour être plus flexibles dans notre offre de services. Nous nous sommes engagés sur cette voie, avec plusieurs de nos partenaires, et ce n’est que le début. Nous invitons les flexipreneur.e.s à venir nous voir et nous serons là pour les soutenir. » conclut le directeur général de la SADC Shawinigan, monsieur Simon Charlebois.

La SADC tient à souligner la contribution de plusieurs partenaires qui ont été impliqués au cours des trois dernières années, que ce soit au sein du comité d’exécution ou pour la mise en œuvre de projets pilotes :

Pour consulter les faits saillants complets du projet : https://bit.ly/3k5qT5E